Un rien m'exaspère, tout m'énerve !

Publié le 4 Mai 2019

Une vidéo vient de percuter une de mes phobies : des dessins sur la buée d'une vitre viennent de s'animer et de rejoindre mes contrariétés qui, habituellement, se cantonnent aux fureurs que me provoque la fugue des mots insoumis. Quand, alors même qu'ils sont sur le bout de ma langue, ils décident de devenir insaisissables, je deviens autre, mon flegme prend le large,  je vocifère, je fais colère, je m’exaspère.

Tout comme m'exaspèrent les crises d'indépendance du téléphone qui habite ma poche. Figurez-vous qu'il se permet d'appeler des amis au hasard, sans penser à m'inviter aux conversations ! Fort heureusement, maintenant je suis à l'affût, j'ai développé une oreille attentive et encore  suffisamment alerte pour entendre fuser de mes poches les bordées de bruits infimes : allo - allo ! - ALLO… que provoquent ses initiatives. Courroucé par tant d’indélicatesse, j’interviens, et le plus souvent j'en profite pour dire bonjour.  

Mais il n'y a pas que ça de contrariant dans ma vie, j'ai eu aussi une caméra qui aimait filmer mes pieds sans autorisation, un appareil photo qui ne savait pas viser, et une voiture qui jouait à cache-cache dans les parkings.

Tout cela ne serait rien si, hors mes combats avec ces objets rebelles, je n'étais aussi en guerre avec les bribes de textes et les traits d'esprit égarés en centre-ville, alors que je n'ai même pas de papier pour les agrafer !  

Il en est d'ailleurs de même des minutes perdues que je ne sais retrouver et qui me mettent en retard, et des traits de crayon qui échappent à mon projet esthétique. 

Bref, jusqu'à maintenant, seuls m'énervaient, me contrariaient, m’exaspéraient, ces petits détails du quotidien, mais ce que je viens de voir sur cette vidéo m'inquiète au plus haut point : l'indépendance affichée de dessins sur la buée d'une vitre, me trouble.

J'imagine avec terreur que ce phénomène pourrait se vulgariser, contaminer n'importe lequel de mes dessins, de mes mots qui, dès lors, à peine posés sur le papier, et alors même que j'y aurais enfermé un petit morceau de mon âme au creux de phrases folles sur les ailes d'un poème, s’envoleraient ! 

Imaginez que  les pensées, les mots, les phrases, les traits de graphite ou de fusain, les idées fugueuses, se fassent la malle et qu'elles courent plus vite que moi !

Devrais-je rester là à les voir jouer sans moi ? 

Devrais-je rester là à laisser mes brins d'âme partir en goguette, emportant des déclinaisons et des rimes insensées et étonnées, et à les voir s'éloigner comme des  péniches désarrimées qui remonteraient l'amont de mes folies, sans mon aval.

Alors, me faudrait-il fouiller le vent pour retrouver mes rêves ?

 

Cliquez pour regarder la Vidéo

https://www.facebook.com/centrepompidou.fr/videos/10156061189989596/?t=9

Rédigé par JMS

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